samedi 5 avril 2014

TOXIQUE PLANETE (2)




Vers un nouveau paradigme :
Organisation de l'ignorance : mise en œuvre, par une société, « des mécanismes lui évitant de prendre en compte les risques qui la concernent ». Malgré le diagnostic, la réalité de la pandémie et de ses répercussions sur les générations futures, quels sont les freins à la lutte contre la pandémie de maladies chroniques ? 

·         Élimination volontaire des preuves, discrédits des études qui dérangent, corruption d'experts influents, biais du travail scientifique, neutralisation des lanceurs d'alerte, défense d'indicateurs de risques insuffisants, en connaissance de cause.

·         Formatage, par les responsables, des modes d'appréhension des risques sanitaires reposant sur des données scientifiques dépassées, les données récentes, conforme au nouveau paradigme scientifique, ayant été écartées comme « infondées » par les tenants de l'ancien paradigme au pouvoir en place. C'est ce qui se passe sur le plan des maladies environnementales liées aux perturbateurs endocriniens et transmissibles aux générations suivantes par mutation épigénétique.

·         Changement de paradigme en santé publique : Comportement individuel privilégié par les responsables sanitaires de l'OMS face à l'Environnement de la responsabilité sociétale. La pollution est un facteur occulté, alors qu'un « pourcentage important des 12 millions de cancers annuels est dû à des expositions environnementales ou professionnelles ». Soit 8,3% des décès annuels... a minima. Et la co-exposition accroît les risques de cancers : tabac + radon = risque cancer poumon x 2 à 4, tabac + amiante = risque cancer poumon x 8 par rapport au fumeur non-amianté et x 92 par rapport au non-fumeur-non-amianté. 
     Risque avéré ou risque probable : les Cancérogènes, mutagènes et toxiques pour la reproduction (CMR) ne sont pris en considération par la politique de santé publique que s'ils ont un effet avéré sur l'homme. L'éthique voudrait que des signaux d'alerte validés servent à la prise de décision politique. En outre les classifications reposent sur une approche substance par substance sans interaction avec d'autres facteurs et la mutagénicité est le seul mécanisme d'action pris en compte dans les « bonnes pratiques de laboratoire » ce qui veut dire que seule la génétique est en cause (selon l'état des connaissances des années 60 !). L'exposition du fœtus durant la grossesse peut être déterminante.
     Enfin les seules données épidémiologiques sont prises en compte alors que les données de l'expérimentation sur l'animal ont une grande similitude avec celle sur l'homme et devraient servir d'alerte pour éviter les prises de risques sur la santé publique. (particules Diesel dans les véhicules et perchloréthylène pour nettoyage à sec). La santé publique doit privilégier l'environnemental dans l'avenir


·         Perturbateurs endocriniens, nanomatériaux, champs électromagnétiques, OGM …, des exceptions qui confirment la règle. La mise en évidence scientifique, par Theo Colborn, de la perturbation endocrinienne chez les animaux et chez l'homme remonte à 1991. 
     Le site TEDX (« propagateur d'idées » dans plusieurs domaines dont la science) compte maintenant 870 substances. « la probabilité est élevée qu'un enfant né aujourd'hui ait été programmé avec un ou plusieurs troubles de son système endocrinien et que la faune terrestre et marine continue de décliner ». 
     Santé de l'homme et santé de l'écosystème, même combat. « Le système endocrinien est essentiel à la vie : il contrôle le développement, la croissance, la reproduction, le comportement, l'énergie et l'immunité des animaux et des humains ». En 2009, l'Endocrine Society formalisait le changement de paradigme des perturbateurs endocriniens  en 5 points : l'âge d'exposition et notamment la gestation, le délai long entre l'exposition et ses effets, les interactions entre substances chimiques, la relation dose-effet (effet plus fort à faible dose), effets latents à long terme voire trans-générationnels. Les tests actuels sont inadéquats. Les perturbateurs endocriniens sont une « catégorie spécifique » et l'importance du principe de précaution : substances sans seuil de toxicité et à très fort effet cocktail. Eléments majeurs de la crise sanitaire humaine et animale. 
     Les stress environnementaux engendrent aussi des maladies de l'hypersensibilité, à considérer aussi dans un nouveau paradigme. Les nanomatériaux se dispersent dans l'organisme et engendrent des stress oxydants et des inflammations impliquées dans le développement de cancer. Les champs éléctromagnétiques, non évalués, ont un effet fenêtre et amènent à certains cancers. L'extrême sensibilité des enfants et surtout des fœtus est avérée. De même les OGM n'ont pas été évalués en vertu du principe d'équivalence, pour ne pas se poser de question, ce que dénonce Séralini.


·         La fin du tout génétique : plasticité du développement durant la phase fœtale dans les mécanismes du contrôle de l'expression des gènes et de l'induction des phénotypes spécifiques en l'absence de modification de gènes. Modifications épigénétiques transmises au niveau cellulaire d'une génération à l'autre et notamment sur les cellules germinales. Très peu de maladies peuvent s'expliquer par un gène déficient. L'épigénétique se redécouvre et contrôle la lecture des gènes. Les origines développementales des maladies de l'adulte : exemple des obésités d'adultes dont les mères ont été sous-alimentées durant la grossesse.    
     L'environnement chimique entraîne une méthylation d'un gène qui en bloque l'expression : métaux (Cd, As, Ni, Cr, méthylmercure) solvants (trichloroéthylène, C6H6), polluants athmosphériques (particules fines), perturbateurs endocriniens (distilbène, bisphénol A), polluants organiques (dioxine). Mais aussi environnement social, stress et mode de vie : alimentation, obésité, activité physique, tabagisme, alcool, stress psychologique, travail de nuit. Impact sur le comportement sexuel : le maternage masculinise les filles et un défaut de maternage est corrélé à une puberté précoce. La vinclozoline, pesticide en viticulture, a encore un effet à la 4ème génération de rates. Chez l'humain, le niveau de méthylation dans le sang de cordon ombilical est associé à l'adiposité à l'âge de 9 ans (25% de la variance). Le vieillissement est sous dérégulation épigénétique qui conduit à une expression altérée des gènes impliqués dans la croissance et la différenciation des cellules et donc à des cancers et maladies auto-immunes. Les gains de santé sont bcp plus élevés si on cible la protection de l'embryon et du foetus, au lieu de corriger (a posteriori) le comportement des adultes.

·         Bisphénol A, BPA, médicament raté et plastique à succès, mais toujours hormone de synthèse : les connaissances, acquises depuis plus de deux décennies, permettent de comprendre la part importante des perturbateurs endocriniens dans l'épidémie de maladies chroniques dans le monde. Le BPA en est un exemple. C'est une hormone de synthèse dès 1930, mais aussi dans les années 1950 un plastique monomère capable de se combiner à lui-même pour créer un polymère, le polycarbonate. Il va être utilisé dans les biberons à cause de sa transparence, sans tenir compte de sa toxicité. Il est utilisé aussi, dans les années 70, en revêtement de boîtes de conserve et de boisson et contamine la quasi-totalité de la population mondiale, y compris les nourrissons. Dans les années 2000, il est incorporé aux céments dentaires. Sous conditions de température, acidité, vieillissement des matériaux, il peut se dépolymériser et se répandre sous forme libre dans l'Environnement : contamination des poissons et mollusques, des abats, des papiers thermosensibles des tickets de caisse. D'où une contamination générale et une incertitude sur les sources personnelles de contamination !!!!! 93% des urines testées ont des niveaux quantifiables de BPA d'autant plus fortement que le patient est modeste, femme et jeune, prématuré (atteint par dispositifs médicaux!). Il est repéré dans le lait maternel chez des femmes de très nombreux pays. Un toxique aux multiples facettes : une activité oestrogénique, avec des effets significatifs à faible dose, voire à doses inférieures à la dose journalière admissible des agences de sécurité sanitaire ! (mais les études des industries chimiques utilisant une souche de rats peu sensible aux oestrogènes ne constataient évidemment pas cela !). 
     Similitude de réaction chez l'humain et chez animal de labo aux faibles doses de BPA : augmentation cancer du sein et de prosptateanomalies urogénitales chez garçons, déclin de qualité du sperme chez l'homme, puberté précoce chez filles, diabète insulino-résistant, obésité, hyperactivité, déficit d'attention. Preuve de l'épigénétique par le BPA : la méthylation du gène Agouti transforme le pelage de la souris de brun en jaune par exposition in utero. La teneur en folates du régime alimentaire rend brun à nouveau le pelage des descendants … et corrige l'épigénome ! Le BPA a été retiré des crèches, puis des contenants alimentaires. Les politiques peuvent prendre leurs responsabilités et ne pas se réfugier derrière l'incertitude scientifique.




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