mardi 29 avril 2014

TOXIQUE PLANETE (5)



Vers une révolution de la santé : la fin d'un modèle de développement et l'émergence d'un nouveau (suite)

     « La contamination chimique généralisée » 40 ans pour passer de "pas d'entrave à la concurrence" avant 1967 au règlement REACH en 2007 afin « d'améliorer la protection de la santé humaine et de l'environnement », mais en « maintenant la compétitivité et en renforçant l'esprit d'innovation » : le fabriquant doit démontrer l'innocuité du produit tant sur la santé humaine que sur l'environnement selon le « principe de précaution ». L'Europe est la plus avancée au monde : 3000 substances évaluées au moins partiellement sur … 143835 déclarées !!! conséquence du laxisme durant des décennies.

·         Une production mondiale multipliée par 500 depuis 1930 : Le PNUE (Programme Nations Unies pour l'Environnement) estime le coût sanitaire liés aux produits chimiques à 4,9M de décès par an, sans doute très en dessous de la réalité du fait du tout petit nombre de substances prises en compte.
·         Un chiffre d'affaires de la chimie multiplié par 24 en 40 ans. Un déplacement de l'OCDE vers les BRIICS de cette « intensification chimique » du fait du remplacement des matières naturelles dans les usages domestiques (cosmétiques, additifs, engrais, pesticides et plastiques)
·         des nanomatériaux et composés halogénés (polybromés, perfluorés)
·         des composés métalliques en électronique
·         utilisation en agriculture : Engrais minéraux et pesticides (88%) en complément des OGM (Afrique du Sud, Brésil où plus de la moitié de la surface est en OGM
·         utilisation en industrie textile : Chine (42% de la prod. mondiale) d'où contamination généralisée de l'eau par alkylphénols, perturbateurs endocriniens des lessives (encore présents dans les textiles)
·         Utilisation dans les ciments (Chine et Inde) : métaux lourds
·         Industrie électronique : obsolescence rapide des produits. 80% des déchets européens et d'USA ne sont pas comptabilisés et finissent dans l'environnement.

Une contamination planétaire :
·         pesticides principalement agricoles
·         métaux lourds du ciment, démantèlement de navires, des tanneries, et du textile
·         les dioxines
·         le butyl-étain des peintures pour bateaux et substance obèsogène
·         l'amiante
·         teintures mutagènes
·         équipements électroniques émettant métaux, solvants, polymères et retardateurs de flamme
·         les persistants et bioaccumulables largement dans la faune en bout de chaîne alimentaire
·         d'autres non persistantes - bisphénol A- contaminent l'écosystème en débris microscopiques (Océans indien et Pacifique).
Une contamination généralisée des populations humaines : sur 212 substances analysées / des populations US et Canadienne, perchlorate, mercure, bisphénol A, divers perfluorés et polybromés sont retrouvés dans plus de 90% des échantillons. En France, sur 42 biomarqueurs testés certains sont retrouvés en plus fortes doses qu'aux US et Allemagne : PCB, paradichlorobenzène et pyriéthrinoïdes. Certes traces mais aussi effet cocktail.
·         Des pandas et des hommes : lien entre cancers, dysfonctionnements du système immunitaire et troubles de la reproduction avec exposition aux dioxines et PCB. Après leur interdiction, ils ont régressé dans l'écosystème, mais les retardateur de flamme bromés ont pris la place. Cas des perfluorés, revêtements antiadhésifs des matériels de cuisine et cartons de pizza, dans textile antitache et anti-hygrométrie : se retrouvent dans les eaux de surface (à 95%) et les nappes phréatiques (15%)... dans les océans, les précipitations (pluie et neige) et au sol, dans l'alimentation. Les traitements des eaux (filtration et ozonisation) ne semblent pas efficaces. D'où aussi dans le sang de tous les américains testés et des espèces animales, sous toutes latitudes, des ours blancs et des pandas. On est tous contaminés. Ces perfluorés sont des perturbateurs endocriniens : plus croît la contamination, plus la qualité du sperme baisse et elle peut atteindre la stérilité. Ces perfluorés sont des cancérogènes et des obésogènes. Leur impact est transgénérationnel : l'exposition pendant la grossesse se traduit par une baisse de la qualité du sperme chez les garçons et un taux plus élevé d'obésité chez les filles.

·         La chimie est le problème, mais aussi la solution. La chimie verte vise à la protection de l'environnement et de la santé. Elle intervient aussi dans la décontamination de l'environnement. Coût annuel de traitement des effluents agricoles et d'élevage dans l'eau estimé à 54 Mds€ et celui de la dépollution des eaux souterraines à 522 Mds€. D'où un défi pour la chimie d'innover pour intégrer la protection de la santé, de redéfinir sa place dans l'agriculture, dans la conception des plastiques, dans la remise en cause de l'obsolescence programmée.

·         L'enjeu de la médecine environnementale. Défi médical aussi : supprimer les sources d'exposition aux toxiques et réduire la contamination des personnes : l'abandon des victimes de l'amiante et du chlordécone est intolérable. Détoxification des victimes mais aussi amélioration de leur environnement pour éviter par effet cocktail une surcharge de toxicité. Obtenir une réversibilité des modifications de l'épigénome, un vaste champ de recherche pour l'industrie pharmaceutique, l'enjeu du développement d'une médecine environnementale dans le domaine de la détoxification. Depuis 20 ans, en Allemagne, ce concept est développé et fait partie de la formation des praticiens.

·         Nécessité du Organisation mondiale de l'environnement. La Convention de Stockholm en 2001 ne concernait que 12 Polluants Organiques Persistants (POP) puis le chlordécone, un perfluoré (PFOS) et des polybromés. La Convention de Rotterdam permet à un pays de faire le tri entre les produits même dangereux qu'il peut gérer et ceux qui ne pourraient pas l'être : mais seulement 22 pesticides et 5 produits chimiques. Mais très sujet à lobbying (ex chrysotile). Evolution bien trop lente. Proposition de transformer le PNUE en OME, mais en vain (à cause d'USA et pays émergents). Rôle que l'Europe devrait jouer dans le sillage de REACH.




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