vendredi 9 mai 2014

TOXIQUE PLANETE (7)



Vers une révolution de la santé : la fin d'un modèle de développement et l'émergence d'un nouveau (suite)


« Le travail invisible »

Le travail est essentiel pour un adulte. Mais accidents du travail, maladies professionnelles, amiante sont tabous.
·         « L'épidémie cachée » OIT décrit ainsi les décès annuels d'accidents du travail (320000) et maladies professionnelles (2M), soit 5% du PIB mondial. Et encore sous-estimé (65 pays sur les 185 de l'OIT). Travail = facteur de risque n°1 dans le monde.

·         Une épidémie mondiale évitable : l'amiante. Des millions de travailleurs risquent des pneumoconioses par exposition professionnelle à silice, charbon ou amiante. Malgré cela, 52 pays seulement ont interdit l'amiante et 2 M de Tonnes sont produites chaque année. Et 40 ans plus tard, cancers de la plèvre et du poumon. Caractère cancérogène démontré depuis 1955 ; mais lobbying de l'industrie de l'amiante a retardé l'échéance de l'interdiction en France jusqu'en 1997. 
     Brésil, Inde et Chine (et d'autres) sont toujours libres de l'importer et de l'utiliser : 125 M de travailleurs en risque mortel et leur famille et leurs voisins. Liberté du commerce !!!! 
     L'OMC souligne que le commerce « ne sera jamais aussi important que la protection de l'environnement ou l'amélioration de la qualité de la vie ». Manque la volonté politique de faire valoir ce droit.

·         Les risques émergents :
     - troubles musculo-squelettiques (TMS) ou « tendinites » surtout depuis 2 décennies
         - risques psycho-sociaux : suicides, expressions extrêmes de la souffrance psychique au travail, dans tous les secteurs du monde du travail.
     - conséquences de l'organisation moderne du travail, le stress entraîne des comportements nuisibles à leur santé, avec atteintes musculo-squelettiques, cardiaques et digestives éventuellement graves, dépressions et burn out.

·         Les « ateliers de la sueur » actuels au Bengladesh et au XIXe siècle à New-York. 1100 morts à Dacca en 2013, 146 à New York par fermeture des issues de secours. 
     Telles sont les conditions de travail sans droits sociaux : 1 enfant de 5 à 14 ans sur 7 travaille dans ces situations de non-droit. Mais l'UE ouvre son marché sans quotas ni droits de douanes et accepte de fait « l'esclavage salarié » (pape François). 
     La mondialisation des multinationales a créé un transfert des activités industrielles des pays riches vers le ceux du Sud : précarité au Nord, esclavage au Sud... avec le manque de volonté politique des gouvernements et de la Commission européenne (textiles, démantèlement de navire amiantés, Ipods...). Nécessité pour les ONG et les citoyen-ne-s de s'en mêler.



« Les inégalités nuisent gravement à la santé »

 Derrière le comportement, le social :
          -  Obésité et surpoids suivent un très net gradient social. 
      => Fréquence double dans les classes ouvrière, artisanale ou commerçante/ aux  cadres supérieurs. 
     => Le niveau d'éducation, le niveau de revenus (3,5 fois plus dans les faibles revenus, 3,2 pour hommes et 18 fois pour les femmes à faibles niveau d'éducation).

·         Diabète de type 2 : idem/ niveau d'éducation et de revenu

·         Consommation tabagique suit aussi un gradient social 34% chez les sans diplômes et 23% chez les diplômés d'études supérieures

·         Consommation alcoolique suivrait un schéma différent : hommes professions libérales consomment plus. Idem pour les 2 sexes avec revenus supérieurs. Mais le lien social est un facteur protecteur déterminant contre l'alcoolisme, indépendamment de tout autre facteur.

·         Inégalités géographiques font synthèse des inégalités : gradient Nord-Sud pour cancer, diabète et Obésité en France. Gradient Ouest-Est pour l'asthme. Idem à l'échelle mondiale.


·         Le PIB est-il toujours source de santé ? Si richesse laisse entendre amélioration du niveau de vie et donc de santé, le taux de cancer est dans le monde proportionnel au PIB, signe du caractère aussi pathogène du développement actuel. Développement permet de monter un système de santé... à condition de le faire dans un cadre socialisé et non privatisé. Les US ont un système de santé privé et dépense le plus / France et surtout au Japon … pour des résultats non conformes aux montants des dépenses : mortalité infantile la plus forte aux US, et espérance de vie la plus faible. Le Japon est plus performant que la France du fait d'un taux de maladies chroniques plus faible



·         Le bilan santé des 30 glorieuses :
          la Sécu après-guerre assurait principalement les accidents du travail (8% maintenant) avec le modèle biomédical socialisé (partout sauf aux US et en Suisse où il est privatisé).
          Le système est totalement curatif comme pour les maladies infectieuses (dominantes à l'époque). La montée progressive des maladies chroniques restera invisible car confondue avec le vieillissement et l'espérance de vie croissante pour la génération née avant guerre.
          La prévention vise la protection de la mère et de l'enfant avec un grand effet sur la mortalité infantile divisée par 4 en15 ans seulement. La volonté politique peut donc être payante en matière de santé publique !!!!!
          La médecine du travail apparaît comme peu utile avec les deux grandes catastrophes professionnelles : 40000 morts de silicose des charbonnages et autant de BCPO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) reconnues qu'en 1995. Et les 100000 morts dues à l'amiante (bilan provisoire). Dans les 2 cas, privilège de l'emploi à la santé. Bilan écologique médiocre dette des maladies chroniques léguée aux générations futures.




·         Les années Thatcher et Reagan : néolibérales. L'Etat est le problème. Supprimer l'Etat-providence. 
     Curieusement le PIB a cru 5 fois depuis 1950 et maintenant en France on ne pourrait plus se payer le système ? Le modèle libéral a débouché sur une crise financière et économique qui affecte la santé : plus de précarité et de stress (+ 25% suicides et homicides) et moins de moyens budgétaires pour la santé.

          « Les salariés reçoivent une plus petite part du gâteau » : ils ont perdu 10% du Revenu national dans les pays développés et 4% du PIB dans les pays émergents. La productivité du travail croît plus vite que les salaires. Pour les néolibéraux, c'est au bénéfice de la classe moyenne des pays émergents (pour certains néolibéraux, la classe moyenne démarre à 2$/jour !!). 
     Coeff de Gini mesure les inégalités (0 = égalité parfaite, 1 = inégalité totale) : variations de 0,25 à 0,74 avec une augmentation des inégalités et création d'une société en sablier (Lipietz 1996) avec baisse du poids de la classe moyenne dans les pays de l'OCDE. Aux USA, en 30 ans sa part est passée de 61 à 51 % et la rémunération d'un PDG est passée de 30 fois le revenu moyen à 350 fois. Les bas revenus ont régressé. Donc masque de l'accroissement des inégalités partout. 
     La création de la sécu en France 1950 est tout à fait faisable dans beaucoup de pays du Sud. C'est un problème de volonté politique de mieux répartir les richesses. La cohésion sociale suit et la santé non soumise à la loi du marché aussi. Clé de voûte du modèle européen à condition de passer d'une logique d'assurance maladie à celle d'une logique préventive d'assurance santé, prenant en compte les maladies chroniques pour les faire baisser en fréquence, en en longueur de traitements.





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