jeudi 7 août 2014

L'eau en débat



Les chaînes Arte et France 5 ont diffusé 2 émissions sur l'eau  mardi 5 et mercredi 6 août:
- Arte, avec le documentaire "Nestlé et le business de l'eau en bouteille"
- France 5, avec un débat "La France maltraite son eau" auquel étaient conviés Olivier Andrault de l'UFC-Que Choisir, Sophie Auconie du Cercle Français de l'Eau, appendice des multinationales de l'Eau, Marc Laimé, journaliste et consultant de l'eau, auteur du livre "le lobby de l'eau" et Yves Paccalet, philosophe et naturaliste.    




1-  Arte

Voici le commentaire qui accompagne le documentaire qu'elle propose en replay.



Nestlé et le business de l'eau en bouteille



Eau : le marché juteux de l'or bleu

Comment transformer de l'eau en or ? Une entreprise détient la recette : Nestlé, multinationale basée en Suisse, leader mondial de l'agroalimentaire, grâce notamment au commerce de l'eau en bouteille, dont elle possède plus de 70 marques partout dans le monde. Une enquête édifiante.
Un documentaire de Urs Schnell (France, Suisse, Allemagne - 2012).




La gestion de l'eau en débat

Le réalisateur Urs Schnell et le journaliste Res Gehriger ont mis en lumière la mainmise de Nestlé sur le marché de l’eau en bouteille dans le film Nestlé et le business de l’eau en bouteille (France, Suisse, Allemagne – 2012). En pompant à grand débit et à prix dérisoires des sources d’eau aux quatre coins du globe, la firme suisse est parvenue à dégager une marge suffisante pour se positionner comme leader du marché. Faire du profit sur le commerce de l’eau se heurte cependant à de nombreuses considérations éthiques. L’eau est-elle un bien commun ? Existe-t-il un droit à l’eau ?


À l’heure où plus de 2,4 milliards de personnes sont privées d’eau potable, la question de la gestion de l’eau se pose de façon urgente. L’utilisation des ressources en eau, très inégalement réparties sur la planète, fait l’objet d’une attention particulière de la part des ONG, organisations internationales et pouvoirs publics. En juillet 2010, l’ONU reconnaît un droit fondamental à l’eau et à l’assainissement et enjoint les États à prendre les mesures nécessaires pour permettre un accès à cette denrée rare à prix abordable pour tous. Si dans certaines régions du monde l’eau est aujourd’hui un véritable enjeu humanitaire, en Europe aussi la gestion des ressources inquiète. Des voix de plus en plus nombreuses se lèvent pour affirmer que l’eau n’est pas une marchandise.



Vers une gestion privée de l’eau en Europe ?

Les multinationales de l’agroalimentaire ne sont pas les seules à tirer profit des nappes phréatiques et à donner à l’eau un prix : la gestion et la distribution de l’eau courante représentent également un marché de taille. Si cela n’a pas toujours été le cas, le secteur est désormais investi par les opérateurs privés.  


Considérée comme un monopole naturel, le secteur des eaux serait géré de manière plus efficace par une entreprise unique. La gestion de l’eau potable nécessite des infrastructures colossales, qui, une fois construites, permettent d’engendrer des économies d’échelle. Doubler ces infrastructures reviendrait à un non-sens. Pour l’eau, donc, un seul acteur agissant sur le marché et utilisant le réseau serait suffisant. Le risque de voir les prix augmenter n’est pourtant pas absent dans un tel système. Pour éviter la fixation d’un prix supérieur aux coûts supportés, les pouvoirs publics se sont chargés de réglementer les secteurs en monopole naturel.


En Allemagne, la gestion de l’eau potable se fait traditionnellement via des "Stadtwerke", entreprises municipales sous le contrôle des collectivités. En France, ce sont les communes qui portent depuis la Révolution la responsabilité de la gestion de l’eau potable. Toutefois, la plupart du temps, ces collectivités ne gèrent pas leur prérogative en régie directe : par délégation, des entreprises privées s’occupent pour le compte de la commune de la gestion de l’eau. Ainsi, Veolia, Suez Environnement et la SAUR (Bouygues) se taillent la part du lion en France pour les services liés à l’eau. Malgré les scandales et la reprise en main par certaines villes, dont Grenoble et Paris, de leurs services des eaux, la gestion privée reste la norme.


Mais, sous la pression du marché unique de l’Union européenne et en écho à l’affirmation des théories libérales, comme celles de William Baumol (loi de Baumol ou « maladie des coûts ») ou de Friedrich von Hayek, les monopoles publics dans les économies de réseaux ont été remis en cause de manière généralisée en Europe. En Allemagne, le mouvement de privatisation a commencé au début des années 1990, où de grands groupes tels Veolia, se sont greffés à la gestion municipale, par un jeu d’acquisition et de prises en participation. Dans le cadre des plans de sauvetage des pays européens les plus touchés par la crise, la Commission européenne encourageait de plus bel la privatisation des services de l’eau, notamment au Portugal et en Grèce.


Des citoyens mécontents

En réaction à cette tendance libérale, des volontés locales se sont soulevées de part et d’autres. La gestion et la distribution de l’eau par des opérateurs privés suscitent à vrai dire plusieurs craintes, parmi lesquels la mauvaise utilisation des ressources, le manque de transparence et l’augmentation des prix.


Au niveau de l’Union, s’est constituée une initiative citoyenne européenne demandant à l’UE de garantir l’accès à l’eau et à l’assainissement à tous. Utilisant l’article 11 du Traité sur l’Union européenne, tel que modifié par le Traité de Lisbonne, un rassemblement de plus d’1,8 million de citoyens a permis de mettre sur la table la question de la gestion de l’eau en Europe. La campagne Right 2 Water, à l’origine du mouvement, a amorcé une bataille politique pour la qualification de l’eau en bien public et non en marchandise. Les citoyens allemands se sont particulièrement impliqués dans ce combat : plus d’1,3 million de signatures ont été collectées outre-Rhin !


Une question non réglée

Après l’audition de l’initiative, tenue en février dernier et pendant laquelle le Parlement qualifiait l’eau de « bien commun de l’humanité », la Commission européenne a rendu une réponse nuancée. Malgré le retour positif donné à cette première initiative citoyenne européenne, les pétitionnaires sont déçus : pas de projet de loi en vue. L’approvisionnement en eau potable reste au fond une compétence des États membres… La porte reste ouverte pour les grands groupes privés : Suez convoite toujours l’or bleu grec.


Armes aux mains des pouvoirs militaires comme au Moyen-Orient, enjeux commercial pour les multinationales de l’agroalimentaire, objet de convoitise en tant que service collectif, ressource gaspillée trop souvent par tout un chacun... Employée de façon dramatique, l’eau est devenue une des problématiques sociales les plus criantes du XXIème siècle. Alors que le Sommet sur l’eau s’est tenu en janvier dernier à Abou Dhabi pour combattre les pénuries, le besoin d’un débat sur la gestion de l’eau est de plus en plus patent. En théorie, l’accès à l’eau est bien un droit humain. Mais qu’en sera-t-il en pratique ?

Léa Spegt






2-  France 5

Sur le site de France 5 aucun commentaire de la chaîne n'accompagne la rediffusion du débat animé par Axel de Tarlé (il ne reste que quelques jours pour la visionner!).   

Voici  par contre ce que nous a communiqué un de nos adhérents:

  « C dans l'air », sur l'eau.
Une émission souvent intéressante, mais sabotée ce soir par :
  • - Un journaliste incompétent et hautin, coupant la parole aux trois personnes connaissant le sujet, pour soit défendre les boîtes de flotte, soit se moquer des effets de la pollution et des consommateurs grugés.
  • - La co-présidente du "cercle français de l'eau" dans son rôle de ne pas laisser dire l'envers de la médaille à Marc Laimé, au représentant de l'UFC - Que Choisir et au philosophe, tout à fait pertinents dans leurs registres.



Pour son incurie sur l'état de l'Eau, polluée à 95% par les nitrates et les pesticides, la France va se faire sanctionner par Bruxelles. 

La justice française a condamné l'Etat, responsable de la mort d'un cheval à cause de la prolifération des algues vertes sur les plages due à l'élevage intensif de porcs et de volailles en Bretagne du nord.


Qui va payer tout cela ? 
Les responsables : les pollueurs qui rejettent leurs excès d'azote et de phosphore dans les rivières, les dépollueurs qui n'ont pas fait leur travail ? 

Non, les contribuables car au moins dans ces cas-là, l'Etat, c'est nous !


Pour consulter cette émission (vous pourrez le faire jusqu'au 13 août) et vous faire une idée de la forme et du contenu du débat:










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