mardi 2 septembre 2014

L'AgglO ne chercherait-elle pas à nous ensabler?



Cet été l'AgglO et la ville d'Orléans ont rédigé un communiqué de presse sur les travaux de réhabilitation de la chambre à sable*, ouvrage d'assainissement datant d’avant guerre,  complètement dépassé et entraînant un rejet direct d’eaux usées dans la Loire 160 jours par an. 


Communiqué de presse de l'AgglO et de la Ville d'Orléans






Cette pollution chronique de notre fleuve, déjà dénoncée par le Préfet en 1995, n'a été prise en compte que très récemment par l'AgglO qui a nié ou minimisé son ampleur pendant des années. Le 24 mai 2013, par exemple, Monsieur Lemaignen déclarait encore sur France Bleu Orléans qu'il n'y avait que 30 jours par an de rejets d'eaux usées dans la Loire. Son propre service d'assainissement en reconnaissait, lui, 167 sur la seule chambre à sable!

Ce n'est que sous la pression d'Eau Secours qui a mené une campagne active, abondamment relayée par la presse, auprès des citoyen-ne-s et des élu-e-s que l'AgglO a fini par reconnaître qu'il y avait un problème et a décidé de programmer enfin ces travaux.




Nous nous réjouissons bien évidemment de cette réhabilitation de la chambre à sable mais la réponse apportée par l'AgglO à cette pollution inadmissible de la Loire n'amenuisera qu'une partie de la pollution.

Notre réseau d'assainissement lui-même est défectueux et ne peut traiter la totalité de nos rejets quand il pleut. Il en est de même par temps sec...!

Rappelons au passage que l'AgglO nous fait payer la facture d'assainissement la plus chère de France parmi les collectivités de plus de 100 000 habitants, et ce, pour un service qu'elle n'assure que trop peu!

Faire des travaux pour limiter les rejets à la chambre à sable alors que c'est tout le réseau qui est incapable d'absorber les volumes importants liés à la pluie... ne rien faire à Saint-Jean-de-Braye, à Saint Jean de la Ruelle et à La Chapelle-Saint-Mesmin où il y a aussi des rejets importants c'est quand même apporter une réponse bien trop limitée pour ne plus polluer la Loire.




L'AgglO est experte en com. mais peu diserte sur ses choix. Admirons quand même sa belle langue de bois quand elle parle de la réhabilitation de la chambre à sable:     
"Situé à Orléans sous le quai Madeleine, l’ouvrage datant des années 40 n’était plus adapté aux besoins et ne répondait plus au bon fonctionnement du réseau d’assainissement de l’agglomération."

Le réseau était déjà vétuste en 1995 ce qui veut dire que ça fait plus de 20 ans qu'on rejette eaux usées et excréments directement dans la nature. C'est dégoûtant  et illégal: 

- dégoûtant, vous n'avez sans doute pas besoin d'un dessin... mais si vous avez un doute sur ce que nous expliquons vous pouvez rechercher sur notre blog  dans la rubrique assainissement http://eausecours-orleanais-45.blogspot.fr/search/label/assainissement.

- illégal car d'après Jean-Luc Goubet, qui s'exprimait dans la République du Centre du 20 juin 2013 en tant que chef de service à la direction Centre-Loire de l'Agence de l'eau Loire Bretagne, la loi permet jusqu'à 20 jours de rejets dans la Loire chaque année. N'est-ce pas quand même 20 jours de trop?

Avec une moyenne de 160 jours de rejets par an  on peut se demander ce qu'a fait l'Agence de l'eau pendant ces dernières années et ce qu'il faudrait pour que les associations "environnementalistes" se mobilisent sur ce sujet..




Pour en revenir à la chambre à sable, l'AgglO et Orléans affirment dans leur communiqué de presse que les travaux réduiront les rejets de 60 à 70%.

Quelle crédibilité accorder à des personnes qui ont menti à la presse en mai et juin 2013 et au Conseil Municipal d'Orléans (24 mai 2013).  Qu'en sera-t-il  réellement des volumes d'effluents rejetés sans aucun traitement dans la Loire?

Même en admettant ces chiffres, 60 à 70% en moins, à quoi correspondent-ils?
D'après les affirmations de l'AgglO la chambre à sable ne pouvait traiter plus d'1 m³ d'eaux usées par seconde, l'excédent se déversant dans la Loire et occasionnant les 160 jours de pollutions annuelles.

Après les travaux l'ouvrage d'assainissement pourra traiter 4 m³ d'eaux usées par seconde.

Si on s'en tient à cette com. de l'AgglO, 60 à 70% de rejets en moins, 4 fois plus d'eaux usées collectées..,  on peut penser que tout ira pour le mieux... mais on aurait peut-être tort.
On sait que plus de 700 km de réseaux sont unitaires mêlant à la fois eaux pluviales et eaux usées.  Mais pour se faire une idée plus précise des améliorations apportées par ces  travaux il faudrait connaître le lien entre la durée et l'intensité des précipitations, le volume des eaux collectées dans le réseau d'assainissement et les rejets directs en Loire. Or ça n'apparaît nulle part dans les différents rapports de l'AgglO sur l'assainissement.


A-t-on plus de 20 jours par an des conditions telles que le réseau amène à la chambre à sable des volumes supérieurs à 4m³ / sec ?

Au vu des pluies de ces dernières années la réponse coule presque de source: notre système d'assainissement continuera à polluer la Loire et bien au delà des 20 jours "légaux"  surtout quand on ajoute les rejets qui ont lieu dans les autres déversoirs et ceux qui ont lieu par temps sec et que les travaux à la chambre à sable ne feront pas disparaître..




Tout n'est pas noir.  L'AgglO, sous la pression de notre collectif, de citoyens, d'élus et de la presse, effectue enfin des travaux limitant la pollution de la Loire, sans régler pour autant le problème.  La réalisation d’un grand bassin d'orage est envisagée, permettant de lisser le flux en amont et  vers les stations d'épuration. Il pourrait améliorer sensiblement la situation, mais …. n'est pas encore programmé.


Tout ça coûte cher, nous le savons, c'est même le principal argument avancé par l'AgglO pour justifier sa longue inertie face aux rejets dans la Loire.  Mais pour l'amélioration indispensable de l'assainissement n’a-ton pas mis la charrue avant les bœufs en favorisant les multinationales et en endettant massivement la communauté d'agglomération?

L'AgglO a emprunté  près de 60 millions d'Euros pour la reconstruction et la rénovation les stations d'épuration de la Source et de l'Ile Arrault. Cet endettement coûte très cher à l'usager qui voit sa facture s'envoler. Combien rapporte ceci  aux multinationales LYONNAISE-SAUR-VEOLIA associées aux travaux puis à l'entretien et à la gestion des stations ?
EAU SECOURS participe, enfin,  à la Commission Consultative des Services Publics de l’AgglO pour l’examen du rapport annuel sur l’assainissement. Mais il nous a été impossible de retrouver cette information dans le rapport synthétique fourni à la Commission. Nous avons demandé (et obtenu, affaire à suivre...) que les rapports de chaque délégataire soient  examinés de façon détaillée à l’avenir.


En creusant avant la reconstruction de l'Ile Arrault un bassin d'orage ou un bassin tampon (10 millions d'euros) qui fluidifie les effluents vers les stations d'épuration on aurait peut-être pu éviter cette reconstruction (près de 30 millions d'euros) et les frais de gestion qu'elle occasionne.




Tout est une question de choix et de maîtrise publique de la gestion... Le réseau devait être rénové avant 1995, les Stations devaient être mises aux normes avant 1998. Il y avait donc largement de quoi étaler dans le temps les dépenses et de quoi éviter cette gestion catastrophique qui mêle endettement massif, hausse conséquente des factures, présence accrue des multinationales, absence totale des usagers dans les décisions et pollution systématique de l'environnement...



On entend proclamer que la gestion de l’eau potable pourrait bientôt tomber dans les mêmes ornières ! Mais pour nous, sortir de cette politique affligeante est de l’intérêt de tous et nous nous battons pour la gestion publique et citoyenne de l'eau.






*La Chambre à Sable

« La chambre à sable est un ouvrage de prétraitement des effluents dont le rôle est essentiel au bon fonctionnement du réseau d’assainissement situé en rive droite de la Loire.
Construite en 1942 et modifiée en 1978, la chambre à sable est aujourd’hui sujette à de nombreux dysfonctionnements. La vétusté de l’ouvrage ne garantit plus sa fonction de prétraitement, ce qui engendre de nombreuses difficultés d’exploitation des ouvrages situés à son aval : postes de relèvement, siphon en Loire et stations d’épuration (la Chapelle Saint Mesmin et l’Ile Arrault)…
Les contraintes réglementaires relatives à ce collecteur sont définies dans l’arrêté préfectoral du 4 octobre 1995 autorisant le SIVOM de l’agglomération orléanaise à réaliser la STEP de la Chapelle Saint Mesmin.
Un courrier du Préfet à l’attention du Président de l’AgglO, daté du 14 octobre 2009, est venu rappeler les objectifs fixés dans l’arrêté d’autorisation précité qui n’ont pas encore été atteints par la collectivité, au premier rang desquels figure la chambre à sable (avec la menace de suspendre l’exploitation de la station d’épuration de la Chapelle Saint Mesmin). »(extrait du rapport d’assainissement de l’AgglO 2011)


La chambre à sable - document de l'AgglO et de la Ville d'Orléans



La chambre à sable de l’AgglO date de 1942. La population reliée au système d’assainissement était beaucoup moins importante qu’aujourd’hui.
Elle a été rénovée en 1978 mais a rapidement montré ses limites.
En 1995 elle devait être mise en conformité avec la réglementation en matière d'assainissement mais, malgré une mise en demeure du Préfet en 2009 qui menaçait alors de suspendre l’exploitation de la STEP de la Chapelle St Mesmin rien n'avait été entrepris jusqu'à maintenant.
La Loire en a subi et en subit encore directement les conséquences avec ces rejets massifs d'eaux usées non traitées contre lesquels nous nous sommes mobilisés.







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