mardi 26 décembre 2017

Bataille pour l’eau entre agriculteurs « irrigants » et défenseurs du Marais poitevin




Le collectif "Bassines Non Merci" appelait à la mobilisation lundi 11 décembre 10h au centre de Conférence d'Orléans, pour protester contre les projets de 19 Bassines (réserves de substitution) lors du comité de Bassin de l'Agence de l'eau Loire Bretagne. 



Voici le courrier que ce collectif avait adressé à la Présidente de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne ainsi qu'aux membres du Comité de Bassin Loire-Bretagne:


Madame la Présidente de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne,
Mesdames et Messieurs les membres du Comité de Bassin
Loire-Bretagne,



Nous sommes un collectif composé d’agriculteurs, de pêcheurs, de simples citoyens ou responsables associatifs et syndicaux, unis dans un objectif commun d’opposition en l’état au projet de 19 réserves de substitution sur le bassin de la Sèvre- Niortaise et du Marais Poitevin.


Le but du collectif est de dénoncer l’accaparement de l’argent public et des ressources en eau par une petite catégorie d’agriculteurs sans contrepartie pour la société, et de faire la promotion d’un autre mode de gestion de l’eau et d’un autre modèle agricole.


Nous menons en ce sens un travail actif de sensibilisation de la population et de sollicitation des élus et des instances gouvernantes.
Nous avons notamment organisé une grande chaîne humaine de 1500 personnes le 11 novembre dernier en plein coeur du Marais Poitevin, pour matérialiser l’emprise de 18ha de la « méga bassine » d’Amuré et alerter ainsi sur la démesure de ces projets pharaoniques.


Deux jours plus tôt, le 9 novembre, le Contrat Territorial de Gestion Quantitative (CTGQ) Sèvre Niortaise – Marais Poitevin qui porte ce projet particulier de 19 réserves de substitution, venait de faire l’objet du contrat de subvention n°1146 lors du dernier Conseil d’Administration de l’Agence, en pleine crise des financements des Agences de l’Eau dont les budgets ont été une nouvelle fois ponctionnés et remis en cause par l’État.


C’est en partie pourquoi nous avons tenu à ce qu’une petite délégation d’entre nous fasse le déplacement à Orléans, afin de témoigner de notre soutien à l’Agence de l’Eau et à ses personnels dans ce contexte tendu, et de notre reconnaissance de l’intérêt de leurs missions de façon générale en dépit des projets de bassines que nous dénonçons en l’état.


Nous sommes conscients que l’intégration de dispositions particulières à l’article 2 de la délibération n° 2017-252 qui contractualise ce projet, revêtait un caractère exceptionnel et constituait un signal fort de vigilance et d’encouragement à ce que le contrat quantitatif s’accompagne de mesures qualitatives concrètes.


Néanmoins ces dispositions ne sont qu’incitatives et ne représentent en rien à nos yeux une garantie suffisante sur la bonne prise en compte de ces recommandations par les porteurs du projet, que ce soit en matière de pratiques ou d’assolements moins impactants qualitativement et quantitativement sur la ressource en eau, comme en matière de facilitation de l’installation et de l’accès à l’eau de nouveaux irrigants.


Par ailleurs, nous vous alertons sur l’approche quantitative biaisée de ces projets qui, bien que se basant sur des références officiellement définies notamment par la décision préfectorale du 26 octobre 2011, tient compte de volumes prélevables et non prélevés et dans tous les cas obsolètes et complètement déconnectés de la réalité de ces dernières années. En effet, si ce CTGQ prévoit bien une baisse des prélèvements par rapport au volume théorique de référence de 24.3 millions de mètre cube de 2005, il induira finalement une hausse substantielle des prélèvements annuels avec un volume total prélevé de 15.7 Mm3 en 2021 (volume cible printemps / été + volume retenues de substitution) par rapport à la moyenne des prélèvements printemps / été de 8.43 Mm3 ces 5 dernières années (2012 - 2016).


Ainsi on voit bien qu’il ne peut s’agir que de substitution théorique, et qu’il est surtout question de développement effectif de l’irrigation ; ceci est particulièrement inquiétant quand on prend en considération l’état déjà très dégradé des milieux aquatiques sur le bassin ces dernières années et ce malgré la mise en place des seuils d’alerte et de coupure, et d’autant plus au regard des prévisions alarmantes du GIEC quant au réchauffement climatique.


C’est pourquoi, en ce jour de Comité de Bassin où va être notamment présentée l’élaboration du 11ème Programme et du budget des Agences de l’Eau, nous vous invitons à reconsidérer ce contrat et tous les autres en projet sous un nouveau jour :
- d’un point de vue qualitatif, en demandant le renforcement des clauses du contrat n°1146 pour introduire une vraie écoconditionnalité restrictive, et qu'en l'absence le taux majoré ne puisse pas être appliqué,
- d’un point de vue quantitatif, en demandant la réévaluation des volumes de référence et en dénonçant la non substitution effective par rapports aux prélèvements des 5 ou même 10 dernières années, ce qui devrait remettre en cause une partie du subventionnement de l’Agence selon l'instruction ministérielle du 4 juin 2015,
- d’un point de vue social, en demandant un meilleur partage de l’eau entre tous les irrigants et en priorisant l’accès à l’eau pour ceux dont les pratiques sont les moins impactantes pour les milieux et la ressource, qualitativement et quantitativement,
- d’un point de vue financier enfin, en espérant une baisse des taux de subvention dans le 11ème programme pour les projets similaires qui ne respecteraient pas l’ensemble des conditions énoncées ci-dessus.

Nous vous remercions pour votre attention et vous prions de croire en nos sincères salutations.

NO BASSARAN,








Jeudi 21 décembre le collectif a organisé à la Rochelle une manifestation contre les bassines de retenue de l'eau. 
- Reporterre a publié à cette occasion un article sur le collectif et sur les enjeux autour de ces réserves artificielles.









 - France 3 Nouvelle Aquitaine a diffusé un reportage sur cette manifestation qui a regroupé une quarantaine de personnes







samedi 23 décembre 2017

Conseil Métropolitain




Jeudi 21 décembre les élus communautaires, sauf ceux du PC, ont voté le budget de la Métropole pour 2018.


Rappelons que les usagers ont été les absents de la transformation de l'Aggl'O en communauté Urbaine puis en Métropole..
Cet entre-soi de nos élus sur des décisions importantes dont les usagers ont été et sont encore tenus à distance est choquant.





Les décisions sur les budgets annexes "eau" et "assainissement":


Le prix de l'eau pour 2018 est lié à son mode de gestion

- pour les communes qui ont délégué la gestion de leur eau à des sociétés privées, c'est le contrat signé entre la collectivité et le délégataire qui détermine le prix et son augmentation

- pour les communes en régie et qui gèrent elles-mêmes leur eau, les prix ne changeront pas en 2018 mais que deviendra le prix de l'eau pour les communes en régie qui achètent leur eau à l'Orléanaise des Eaux?

- pour Fleury le prix de l'eau est ramené à 1€ le m3 


Le prix de l'assainissement est le même dans toutes les communes.

En 2018 le prix de l'assainissement augmente de 1%




vendredi 8 décembre 2017

Impact de l'agriculture intensive sur la qualité de l'eau potable (4)




4- Pour compléter

a) Communiqué de presse de l'Agence Régionale de Santé sur la qualité des eaux distribuées dans notre région





b) Des pesticides perturbateurs endocriniens dans l'eau (rapport de Générations Futures)














c) Effet cocktail des perturbateurs endocriniens






d) Pétition Eau de l'UFC Que Choisir








mardi 5 décembre 2017

Impact de l'agriculture intensive sur la qualité de l'eau potable (3)



Dans le Loiret, 7 nappes phréatiques sur 8 sont polluées par les pesticides. La nappe de Beauce, avec un taux moyen de 1,2µg de pesticides par litre d'eau, est celle qui est la plus impactée par l'agriculture intensive.  


Même si avec ce taux on reste en dessous des limites de qualité fixées par le Code de la Santé Publique (5µg par litre d'eau pour le total des pesticides détectés) il y a de sérieuses raisons de s'inquiéter quand on découvre le nombre de produits "phytosanitaires" (sans parler de leur toxicité) présents dans cette nappe.    
   
3- Les pesticides la "nappe" de Beauce











Quelques remarques à la lecture de ces tableaux:




1- les concentrations de 4 herbicides dépassent les limites de qualité.



2- le glyphosate et un de ses produits de dégradation, l'ampa,  sont présents dans la nappe de Beauce. Le glyphosate est utilisé en agriculture depuis une quarantaine d'années et son utilisation n'a fait que croître depuis les années 80.

Les pesticides pulvérisés à la surface des sols mettent du temps à s'infiltrer dans le sous-sol et à atteindre les nappes phréatiques. En Beauce cela peut mettre plusieurs dizaines d'années.
La pollution au glyphosate n'en est donc qu'à son début et elle devrait augmenter sensiblement ces prochaines années.

Quant à la biodégradabilité du produit.. y a-t-il vraiment des commentaires à ajouter?



3- Parmi les 208 molécules détectées, il y a des perturbateurs endocriniens*°.

Contrairement à ce qui est admis actuellement pour les pesticides, on ne peut plus avec les perturbateurs endocriniens se référer à un taux de concentration ou à un seuil en dessous desquels ces produits seraient "sans danger" pour l'organisme puisque ces perturbateurs agissent à des doses extrêmement faibles. Les femmes enceintes et les bébés sont particulièrement vulnérables à ces poisons mais ils affectent tout le monde.

Leur présence dans l'eau, où ailleurs, est inacceptable et leur utilisation doit être totalement interdite.

Il existe des solutions pour débarrasser l'eau des pesticides qu'elle contient (filtration membranaire, filtres à charbon actif..) mais c'est coûteux pour les collectivités et les usagers... et très rentable pour les multinationales. De nombreuses collectivités n'ont pas les moyens de se les offrir..

On est dans un système complètement fou et criminel qui privilégie la productivité à tout prix au détriment de la santé des citoyens.  Il est plus que temps d'inverser les priorités.





* Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques qui interfèrent avec les cellules ou les organes impliqués dans la production d'hormones. Ils peuvent donc nuire à la santé et à la reproduction.




° Liste des pesticides susceptibles de contenir des perturbateurs endocriniens.

Cette liste a été publiée en juillet dernier par le ministère de la transition écologique.