vendredi 12 mai 2017

Eau Secours : épandages de Pesticides encore plus dangereux





Le Journal Officiel de la République Française n°0108 du 7 mai 2017 a publié le « toilettage des dispositions de l'arrêté du 12 septembre 2006 relatif à la mise sur le marché et à l'utilisation des produits visés à l'article L.253-1 du code rural et de la pêche maritime, abrogé par le présent arrêté ». Il est déjà « entré en vigueur » le 8 mai 2017.


Qui est concerné ? Les « titulaires et demandeurs d'autorisations de mise sur le marché, de permis de commerce parallèle et d'expérimentation pour des produits phytopharmaceutiques et leurs adjuvants ; utilisateurs de ces produits et travailleurs agricoles ».


En quoi consiste ce « toilettage » ?
·         Il « prévoit des dispositions encadrant la mise sur le marché et l'utilisation des produits phytopharmaceutiques et de leurs adjuvants.
·         Il fixe ainsi la vitesse maximale du vent au-delà de laquelle ces produits ne peuvent pas être appliqués, les délais à respecter entre l'application et la récolte, et le délai de rentrée minimum applicable aux travailleurs agricoles après l'utilisation des produits.
·         Il prévoit également des dispositions pour limiter les pollutions ponctuelles, relatives notamment à l'épandage et la vidange des effluents phytopharmaceutiques.
·         Par ailleurs, il comporte des mesures visant à éviter la pollution des points d'eau par la dérive de pulvérisation ou le ruissellement de ces produits ».


Qui a pris cet arrêté ? « La ministre de l'environnement, de l'énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat, le ministre de l'économie et des finances, la ministre des affaires sociales et de la santé, le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement (NOR: AGRG1632554A), » en se retranchant derrière des textes réglementaires de la CEE devenue CE.


Merci au Journal de l’Environnement* d’avoir alertés les citoyen-ne-s de ces opacités (consultation du public en janvier en pleine préparation de la Présidentielle !), de ces irresponsabilités (c’est l’Europe), de ces textes lénifiants (« phytopharmaceutiques » au lieu de Pesticides et Ecocides, encadrement de la mise sur le marché et l’utilisation de ces produits et de leurs adjuvants qui peuvent être encore plus dangereux que les principes actifs).


L’article du JDE est formel :
·         « les riverains » des champs où se font les épandages de ces poisons sont les « oubliés »,

·         les « délais de rentrée » peuvent être raccourcis, si le personnel d’exécution dispose de filtre à charbon actif et de combinaisons en fait peu étanches et peu efficaces.

·         «Les cours d’eau » sont beaucoup moins protégés par la « bande enherbée » les jouxtant et par la latitude laissée au préfet en cas de contestation. (Notons que le ministre de l’agriculture n’était en outre que celui de la pêche maritime ! Evidemment quand les poissons ont le ventre en l’air à partir d’une parcelle précise, y a pas photo ! Comme si les pesticides et leurs produits de dégradation ruisselés n’arrivent pas jusqu’à la mer et n’affectent pas la nourriture des poissons, moules, huîtres et autres bigorneaux ! Cf. « L’enjeu plancton : l’écologie de l’invisible » de Maëlle Thomas-Bourgneuf et Pierre Mollo Ed. Ch Léop Mayer 2010)

·         « Le chevelu disparu » : l’arrêté passe sous silence toutes les têtes de bassins versants élémentaires qui canalisent les flux sortant des labours et des « horizons » sous-jacents des sols.


Or ces zones humides de rassemblement des eaux superficielles sont en cours de cartographie (à la demande de l’Europe !). Pourquoi ont-elles été écartées du nouvel arrêté ? N’aurait-il pas fallu attendre les résultats de ce travail de science citoyenne au lieu de précipiter la publication en catimini de cet arrêté ? La France, victime des lobbies de l’industrie phytopharmaceutique et d’un type d’agriculture obsolète qui ne connaît plus son agronomie, aurait pu avoir encore plus de retard en vertu recevable du « principe de précaution » ou de responsabilité. Le bilan des ministres de cette fin de quinquennat en aurait moins souffert qu’avec la signature de cet arrêté déplorable NOR: AGRG1632554A.



*L'article du Journal de l'Environnement